Un peu d’Histoire…
Hawaï, origine du pluriculturalisme…
À l’origine, l’économie de l’île d’Hawaï dépendait de la culture d’ananas et de canne à sucre. Les propriétaires minoritaires blancs des exploitations employaient la population locale pour cultiver les champs.
Mais pour se développer économiquement, l’île devait accroître ses cultures et avait, par conséquent, besoin de main d’œuvre supplémentaire. La population locale étant insuffisante pour faire face à la demande, le gouvernement eut recours à l’immigration.
Immigration Chinoise
Ce sont les Chinois qui dès 1830, arrivèrent les 1er sur l’île, offrant un service bon marché. Ils se retrouvèrent très rapidement en conflit avec les travailleurs indigènes. Les riches propriétaires virent immédiatement l’intérêt qu’ils pouvaient y avoir de cette situation, en chargeant les Chinois de veiller et de commander la main d’œuvre locale, qui leur reprochait de lui voler son gagne-pain, ils attisèrent ainsi, la haine raciale.
Une formidable campagne de discrimination raciale vit alors le jour.
Ces phénomènes de rejet étaient déjà d’actualité sur le continent américain, plus précisément en Californie.
En effet, les Américains avaient, eux aussi, fait appel aux Chinois, pour travailler dans les mines et à la construction des chemins de fer qui devaient traverser les USA d’Ouest en Est. C’était le temps de la conquête de l’Ouest et de la ruée vers l’or.
Soucieux de remplir le contrat de travail qui les liait aux compagnies qui les avaient engagés, les Chinois restèrent mais ne furent pas intégrés à la population hawaïenne, ils s’installèrent en se regroupant au sein de leurs propres quartiers : les « China-Towns », afin ne pas perdre leur identité culturelle et faire survivre leurs coutumes. Ils furent très vite, comme en Chine, pris en mains par des « associations fraternelles », contrôlées de fait par des « sociétés secrètes ».
La prise de contrôle de certaines sphères du commerce (jeux, prostitution) entraîna une lutte sans merci entre les différentes Tong. Les Tong (prononciation cantonaise de l’idéogramme Tang, qui signifie « Bureau » ou « Société ») étaient reliés aux Triades chinoises.
Les travailleurs chinois appâtés par l’espoir de faire fortune rapidement, furent transformés en véritables esclaves.
Les Américains, de leur côté, découvraient sur la chaussée de leurs villes, de plus en plus de cadavres de victimes abandonnées sur place, de ce qu’ils finirent par appeler « La guerre des Tong ».
Tout cela entraîna un climat très tendu, dont les victimes furent les travailleurs chinois eux-mêmes, que les Californiens voyaient comme un péril jaune.
Les combats entre Hawaïens et Chinois étaient monnaie courante. Ces derniers, petits et minces, se battaient avec leurs arts martiaux contre les colosses originaires de l’île.
Les immigrés chinois affluèrent en masse, ils devinrent si nombreux que le gouvernement américain décida dès 1882 de limiter cette immigration et finit par l’interdire en 1904.
Hawaï suivit l’exemple et ferma l’entrée sur son territoire aux Chinois qui constituaient, déjà, la population la plus importante de tout l’archipel.
A ce moment-là, les arts martiaux avaient atteint leur apogée, en Californie comme à Hawaï, au cours de la guerre des Tong.
En effet, les sociétés chinoises favorisaient leur pratique en « sponsorisant » de nombreuses écoles, mais les réservaient aux seuls Chinois. Les non-Chinois avaient un aperçu de ces arts de combat, le jour de la fête du Nouvel An chinois, quand leurs adeptes officiaient dans les danses du Lion. Ils étaient choisis pour leur capacité à offrir une prestation spectaculaire et non pour leur valeur martiale.
Immigration japonaise
L’immigration chinoise stoppée, les besoins de main d’œuvre allaient toujours grandissants et ce fut donc aux travailleurs du Japon et de l’île d’Okinawa que l’on fit appel.
La pointe de l’immigration japonaise se situe entre 1880 et 1910. Bien moins nombreux que les Chinois, ils représentaient tout de même 40% de la population, ce qui ne manqua pas de provoquer une fois encore un phénomène de rejet.
Les Japonais et les Okinawaïens ne furent pas non plus intégrés aux populations déjà présentes et se battaient donc régulièrement contre les Chinois ou les Hawaïens.
De même que les Chinois avaient introduit dans l’île les arts martiaux tel que le Kung Fu, les Japonais amenèrent avec eux leur arts : le Judo, le Kendo et les Okinawaiens, le Karaté.
Ces derniers pratiquaient bien sûr leur art, mais dans le secret comme c’était la règle à Okinawa, avant que le Karaté ne devienne public.
Les arts martiaux japonais avaient bel et bien pénétré dans l’île, puisqu’en 1927 un maître d’Okinawa vint y enseigner.
Yabu Kentsu, grand maître de Karaté Shôrin-ryu, de retour des Etats-Unis, fut invité à séjourner un temps à Hawaï. Il y resta cinq mois, avant de rentrer à Okinawa. Ses démonstrations publiques furent appréciées par les non Japonais, qui y voyaient un art de combat plus efficace que le judo.
A Hawaï, entre 1920 et 1930, on organisa des « compétitions » entre arts martiaux différents, un boxeur contre un judoka, par exemple. Les Okinawaïens, qui pratiquaient le karaté, eurent envie de faire pareil. Ils demandèrent donc à Choki Motobu un combattant réputé (il avait, en 1924, battu par KO à Osaka, un russe pratiquant de boxe anglaise) de venir à Hawaï pour des combats, mais sa réputation de bagarreur l’ayant précédé, son séjour à Hawaï fut court… le temps pour le service d’immigration de lui refuser l’entrée sur le territoire américain.
Cette même année 1924, l’immigration japonaise fut interdite, ce fut alors au tour des Philippins et des Coréens d’affluer à Hawaï. Ce qui augmenta un peu plus encore la diversité des arts martiaux pratiqués sur l’île.
En 1933 la communauté Okinawaïenne décida d’inviter deux jeunes universitaires, Zuiho Mutsu et Kamesuke Higaonna, les deux hommes refusèrent finalement de combattre arguant que cela comportaient trop de risques pour leurs adversaires.
Peu après leur arrivée, ils firent des démonstrations et créèrent « le Karaté Seinin Kai », un dojo qui accepta parmi les Okinawaïens, les blancs, essentiellement membres de l’Eglise Méthodiste. Après un séjour de quelques mois, ils repartirent au Japon, laissant à un jeune Okinawaïen le soin de continuer à développer le Karaté dans l’île, favorisant ainsi son expansion.
L’intérêt de la communauté grandissait d’autant qu’elle se sentait menacée par les autres communautés. Chinei Kinjo, le propriétaire du journal Yoen Jiho Shan, invita le fameux Chojun Miyagi, fondateur du Goju Ryu Karaté, qui débarqua dans l’ïle le 1er mai 1934. Près d’un mois après son arrivée, le journal annonça officiellement l’ouverture d’un dojo de « kempo karate » ouvert à tous.
Chojun Miyagi resta sur l’ïle environ huit mois.
Les conflits interethniques augmentèrent et la violence continua de se propager.
Leur hostilité réciproque entraînait une attente importante de self défense, d’autant que les rixes étaient fréquentes.
Personne n’était vraiment en sécurité et le besoin de se défendre efficacement se fit sentir. C’est vers la fin des années 1940, dans un quotidien toujours aussi troublé que le kajukenbo fût créé.
Création du kajukenbo
En 1947, un groupe d’experts ceintures noires en arts martiaux de différents styles se réunirent au sein d’un groupe qu’ils nommèrent : la Black Belt Society (la Société des ceintures noires). Ils décidèrent de se remettre en question, dans le but de créer un art de combat ultime et efficace, en rassemblant leurs connaissances afin d’en dégager les faiblesses et d’en garder les atouts, les techniques jugées inefficaces furent ainsi éliminées.
Ils se posaient des questions telles que : « Comment le karateka peut-il donner un coup de pied à distance très rapprochée ? » ou « Que faire quand un judoka vous saisit ? »
Le Kenpo était le noyau autour duquel ce nouveau système fût construit.
Après deux années de réflexion et de travail en commun, les experts éliminèrent tout ce qui n’était, à leurs yeux, pas efficace en combat et ne gardèrent que ce qui pouvait servir dans de réelle confrontation.
Les techniques ayant fait leurs preuves donnèrent naissance à ce nouveau système : le KAJUKENBO
Les membres qui composait la Black Belt Society étaient au nombre de cinq crédités comme co-créateurs du Kajukenbo, et c’est de leurs arts respectifs que le KaJuKenBo tire son nom.
KAJUKENBO : |
KA |
JU |
KEN |
BO |
|
Art : | Karaté | Judo | Ju-jitsu | Kenpo | Boxe chinoise |
Style : | Tang Soo Do | Se Keino Ryu | Kodenkan Danzan Ryu | Kosho Ryu | Chu’an Fa Kung Fu |
Fondateur qui contribuent : | Peter Young Yil Choo | Frank Ordonez | Joe Holck | Adriano Emperado | Clarence (George) Chang |
Caractères chinois : | |||||
Signification : | « Longue durée » | « Le bonheur » | « Poing » | « Style » | |
Sens philosophique de Kajukenbo: « Grâce à ce style de poing on gagne bonheur et longue vie. » |
P. Choo, J. Holck, F. Ordonez & A. Emperado C. Chang
Bien que non crédité par son nom, d’autres influences se sont greffées incluant la boxe anglaise, des techniques de lua et d’escrime philippines, le kali eskrima (bâtons et couteaux).
Choo a été Champion d’Hawaï des poids Welter – mi-moyen – et Escrima
Emperado a également étudié le Kali et l’Arnis Escrima
Attention cependant, le kajukenbo n’est pas un simple assemblage de techniques empruntées à divers styles, c’est une combinaison de concepts dans un seul style.
Pendant ces années, la colonie de Palama était un centre communautaire dans une zone violente d’Oahu, les combats de poing et agressions étaient monnaie courante. Les défis entre écoles de disciplines différentes étaient fréquentes et les coups portés étaient sans retenus.
En 1950, Adriano Emperado, avec son frère Joe Emperado, a commencé à enseigner ce nouvel art dans une classe accessible à tous, qu’ils appelèrent l’école de Kajukenbo Self Defense Institute (K.S.D.I.).
L’enseignement au cours de la formation était tellement réaliste que les étudiants se blessaient régulièrement pendant les entrainements, ils prenaient des KO où s’évanouissaient d’épuisement. Néanmoins, la réputation de ce nouvel art rude et brutal, attirait de plus en plus d’étudiants au point qu’Emperado ouvrit une deuxième école à proximité du Kaimuki YMCA. Ce fut le début de son expansion, Emperado eut bientôt 12 écoles de Kajukenbo à Hawaï, ce qui en fit la deuxième plus grande chaîne d’écoles à l’époque.
Vu l’efficacité du style en situation réelle, il fut largement utilisé dans les bagarres de rue. C’est ce qui permit, d’en faire sa promotion.
John Leoning, qui a obtenu la ceinture noire d’Emperado, a commencé lui aussi à développer le Kajukenbo sur le continent en 1957, au Sunset Blvd, à Los Angeles et en Californie. Depuis ce temps, le Kajukenbo n’a cessé de prospérer et de croître.
Depuis ses débuts, le Kajukenbo fut un art éclectique et adaptatif. Comme le temps a passé, le Kajukenbo a continué d’évoluer et de changer. Actuellement, il y a quelques branches distinctes, « reconnus » de Kajukenbo : Kenpo (« Méthode Emperado » ou « Style dur traditionnel »), Tum Pai, Chu’an Fa, Wun Hop Kuen Do et Gaylord méthode. En outre, il y a de nombreuses branches « non reconnus », dont CHA-3 et Kenkabo. Si cela peut être source de confusion pour une personne de l’extérieur, c’est l’essence de l’art. Les étudiants ne sont pas tenus d’imiter le maître, mais sont encouragés à développer leur propres « expression » de l’art.
Cette démarche peut être jugée comme paradoxale dans la mesure où, (c’est ce qui la distingue des arts martiaux asiatiques), la dimension spirituelle s’appuie sur la foi chrétienne et, en particulier, catholique. Les cours commençaient invariablement par une prière.
Les experts estimaient leur pratique martiale inséparable de leur religion, laquelle insufflait une certaine éthique et un certain sens de responsabilité nécessaires à leurs yeux, compte tenu du climat de violence de leur époque.
Ils réussirent, par l’apprentissage de la violence, à créer un autre climat de fraternité entre les pratiquants et à leur donner une certaine vision de leurs obligations, dont leurs responsabilités en tant qu’individu social.
Implantation en Europe
En 1972, le sergent Ed Sheppard des forces aériennes américaines, élève de 2e génération de Emperado, fût missionné sur la base aérienne de Torrejón de Ardoz (Madrid – Espagne). Sheppard ouvre à la fin de cette année-là sa première école de kajukenbo réservée aux soldats de la base.
En 1973, le seul espagnol qui fût accepté comme élève par Ed Sheppard, fût Angel Garcia Soldado. Il obtint sa ceinture noire après quelques années passées à la base de Torrejon. Ed Sheppard dû repartir au US, et restant seul, Garcia finit par diriger la première école de kajukenbo en Espagne.
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